Agile After Work #1 – Savez-vous (vraiment) écouter ?

Pour cette session du mois de mars, nous nous sommes à nouveau retrouvés chez Digital Virgo. Nous avons été une petite vingtaine à profiter de ce retour de vacances pour nous poser la question : Savons-nous vraiment écouter ? La question a suscité un certain enthousiasme !

 

Ice breaker

Cette fois-ci point de réflexions sur les conditions de succès de la soirée mais un jeu ! La recette : une série de questions sérieuses ou non, un pas en avant quand on connaît ou pense connaître la réponse, un retour au fond de la salle si on se fait en prendre à bluffer, le premier a atteindre l’autre bout de la salle a gagné.

La culture générale de nos agilistes a été mise à rude épreuve par les questions d’Yvan. Nous avons appris ou redécouvert qu’il fallait 3 minutes pour cuire un ou deux œufs à la coque, que le Clean Language a été imaginé par David Grove, que la mascotte de Digital Virgo est un panda (ou pas) ou encore que la guerre de 100 ans n’a pas duré 100 ans.

Malgré des soupçons de triche concernant la taille du pas réglementaire, le gagnant a remporté une boite de bonbons et a eu l’honneur de la partager avec le groupe 😉

Références

Ice breaker « en avant »

 

L’atelier

Gaël nous a proposé une session dédiée à l’écoute. Son constat de départ était le suivant : d’un côté nous avons le manifeste agile qui souligne que la méthode la plus efficace et la plus simple pour transmettre l’information est le dialogue en face à face à l’intérieur de l’équipe de développement comme à l’extérieur. De l’autre, nous avons tous vécu des situations où, bien que nous parlions la même langue, se comprendre n’est pas si facile. Alors d’où vient cette difficulté qui aboutit à des incompréhensions petites ou grandes ? Et que faire pour les éviter ?

Pour illustrer le phénomène, nous avons tous pris un moment pour créer une image mentale d’un chien. En interrogeant quatre personnes, nous avons obtenu quatre races de chien. Nous aurions pu creuser à peine plus loin pour nous rendre compte que ces chiens faisaient probablement des choses différentes et dans un environnement également différent.

En partant d’un nom commun, nous obtenons autant d’interprétations que de personnes et c’est tout à fait normal. Nous voyons le monde à travers nos propres filtres basés sur nos expériences. Pendant une conversation justement, consciemment ou non, nous interprétons ce que nous entendons. Les incompréhensions surviennent lorsque :

  • on pense que nous parlons du même chien
  • on est trop occupé à interpréter et préparer une réponse.

Nous nous sommes donc ensuite entraînés à écouter, c’est-à-dire à :

  • ne pas parler
  • ne pas penser à parler

Nous avons réalisé trois rondes selon le principe suivant : par binôme, pendant deux minutes chacun, une personne parlait d’un sujet important pour elle et l’autre écoutait « simplement ». Lors de la première ronde, la personne écoutant devait se concentrer sur l’écoute et ne pas répondre (tout du moins autant que possible sans que cela ne devienne une torture). Le seul moyen de réponse était la communication non verbale (garder le contact visuel, sourire, hocher la tête, …). Lors de la seconde ronde, il était en plus possible de répéter quelques mots employés par son binôme afin d’attirer l’attention de son partenaire sur un point prévis ou simplement pour confirmer son écoute. Pour la troisième et dernière, Gaël a introduit le Clean Language.

Clean Language – Qu’est-ce que c’est ?

Très simplement c’est une série de questions (une douzaine), ni plus ni moins. Elles ont été imaginées par un psychologue néo-zélandais qui s’appelle David Grove. Lors du meetup précédent nous avions déjà eu un petit aperçu de ces questions à travers le Clean Setup et les questions  « Quel genre de X ? » et « Y a-t-il autre chose à propos de X ? ». Il existe différents types de question; des questions de développement comme les Lazy Jedi Questions. Des questions de chronologie, de séquence comme : « Et qu’est-ce qui se passe ensuite ? », « Et qu’est-ce qui se passe juste avant X ? »; des questions pour identifier l’intention comme : « Qu’est-ce que tu aimerais qu’il se passe ? », « Et qu’est-ce qu’il doit se passer pour que X arrive ? », « Et est-ce que X peut arriver ? ».

Elles ont au moins deux points communs. Elles sont ouvertes et utilisent les propres mots de la personne questionnée. L’idée est de limiter au strict minimum, l’influence que l’on a sur les gens lorsqu’on leur pose une question ! Autrement dit de séparer notre chien du leur.

 

Après ces explications, la troisième ronde a donc consisté à utiliser en réponse les Lazy Jedi Questions. L’intention était la même que lors de la ronde 2 avec la technique du perroquet avec un léger ajout : la curiosité.

Voici les notes des trois debriefs. L’élément le plus marquant lors des débriefings a été la diversité de l’expérience vécue par chacun lors des exercices.

        

 

Ecouter ce serait donc ne pas parler et ne pas penser à parler. En combinant l’écoute avec le Clean Language le bénéfice est double : en laissant la place à l’autre, on lui permet d’explorer ses pensées et son raisonnement. Les choses deviennent plus claires pour lui. Dans le même temps, en retardant le moment où nous allons interpréter et juger, et en nous montrant curieux, les idées de l’autre deviennent plus claires pour nous également.

Evidemment on ne peut pas toujours ne faire qu’écouter, ou être Clean. On a dans bien des situations besoin de répondre à un moment donné. L’idée avec ces exercices étaient de nous entraîner à écouter mieux et à être un peu plus conscient des moments où notre attention n’est plus à l’écoute mais à la préparation de notre réponse.

Références

Les questions Clean en Fr

Paul Klipp’s components of listening

Judy Rees on Lazy Jedi questions

 

Bonus

En bonus, Gaël nous a présenté un modèle de feedback basé sur Clean Language : le Clean Feedback de Caitlin Walker. Il s’en est suivi une discussion intéressante sur différents types de modèle, sur le moment opportun pour en donner un, … Cela ferait un thème intéressant pour un prochain meetup peut-être ?

Références

Judy Rees on Clean Feedback and NVC

Le livre de Caitlin Walker (allez-y les yeux fermés, même si c’est plus dur de lire dans ces conditions)

 

Conclusion

L’atelier tenant sur une heure, nous avons également eu le temps de discuter autour d’un verre et d’un pot de rillettes ! Bref, un lundi soir comme on les aime.

On vous donne rendez-vous début avril pour le prochain meetup qui devrait se dérouler à Marseille !